Le Canada refuse de contribuer sa juste part de l’aide au développement. En fait, les chiffres de 2019, publiés plus tôt aujourd’hui, révèlent que le Canada, sous le gouvernement actuel, est moins généreux que l’année précédente, moins généreux que le gouvernement Harper et moins généreux que ses pairs.
Sous les conservateurs (2006-2015), l’aide publique au développement (APD) du Canada représentait en moyenne 0,30 % du revenu national brut (RNB), la mesure standard utilisée pour comparer les niveaux d’aide. Lorsque les libéraux ont été élus pour la première fois en 2015, l’APD s’élevait à 0,28 % du RNB, un ratio que le gouvernement Trudeau n’a jamais dépassé. En fait, en 2019, ce chiffre est tombé à 0,27 %, contre 0,28 % l’année précédente.
Si l’on exclut le coût de l’installation des réfugiés au Canada — qui peut techniquement être inclus, mais que tous les pays ne choisissent pas de faire — le pourcentage tombe à 0,24 %. Dans le cas du Canada, ces dépenses — l’argent dépensé au Canada et non transféré aux pays en développement — représentaient 10,2 % de l’APD déclarée.
Donc, sous le gouvernement Trudeau, le Canada est moins généreux que sous Harper. Mais comment se compare-t-il aux autres pays ?
Selon les données de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’aide canadienne mesurée en dollars américains a en fait augmenté de 0,5 % de 2018 à 2019, soit moins que le taux d’inflation et seulement un tiers de l’augmentation collective de 1,4 % de les 29 pays membres du Comité d’aide au développement de l’OCDE. Ensemble, ces pays contribuent 0,30 % de leur RNB à l’aide étrangère.
Il convient de noter que la Norvège et l’Irlande, les « rivaux » du Canada pour un siège au Conseil de sécurité des Nations Unies, ont respectivement augmenté leur aide de 9,7 % et 4,5 % en 2019. Ils fournissent une aide étrangère équivalente à 1,02 % et 0,31 % du RNB, surpassant facilement Canada.
La pandémie de COVID-19 illustre clairement comment le développement n’est pas une entreprise caritative, mais un impératif mondial. Comme le note l’OCDE, « La manière dont la pandémie de COVID-19 se déroule aura des répercussions durables sur les pays en développement qui vont bien au-delà de tout effet direct sur leurs systèmes de soins de santé et affecteront les secteurs clés qui génèrent des revenus… ainsi que créeront des — perturbations économiques ».
Il est clair que la coopération internationale est d’une importance cruciale, y compris pour les intérêts à long terme du Canada. Le Canada a réagi rapidement aux besoins liés aux COVID à l’étranger, mais il est difficile de savoir si l’une de ces contributions constitue de l’argent neuf, plutôt que des fonds simplement prélevés sur le budget d’aide existant.
Avant même que la crise sanitaire actuelle n’éclate, la plateforme électorale du Parti libéral de 2019 avait vaguement promis « d’augmenter l’aide au développement international du Canada chaque année d’ici 2030 ». Ironiquement, la baisse du RNB liée au COVID augmentera le ratio de l’APD pour 2020 sans que le gouvernement n’ait à apporter de nouveaux fonds. Cependant, le report du budget fédéral de 2020 révélera si le gouvernement prend son engagement au sérieux ou s’il n’effectuera que des augmentations budgétaires symboliques.
Les chiffres de l’aide pour 2019 publiés aujourd’hui se concentrent sur la quantité d’aide. Bien que la qualité de l’aide soit tout aussi, sinon plus, importante que sa quantité, les flux de données fournissent un portrait important de l’aide canadienne et de la façon dont elle se compare.
Il est peu probable que le Canada redevienne l’un des bailleurs de fonds les plus généreux au monde dans un avenir proche, sans parler de son objectif vieux de cinq décennies de 0,7 % du RNB. Malgré sa rhétorique élevée, le gouvernement actuel ne semble même pas viser à fournir plus d’aide que le gouvernement Harper ou à être un pays donateur meilleur que la moyenne.
Stephen Brown, McLoad Group blog, 16-04-2020
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